Avertisseurs et Combiné
Du temps de la Traction au quotidien, on "Klaxonne" beaucoup.
En ville du fait d'une signalisation limitée, et en campagne du fait d'une fréquence faible de passage d'automobiles, et donc d'une dangereuse propension à utiliser l'espace routier par les piétons, enfants, animaux, etc ...
Aujourd'hui encore, l'avertisseur reste un équipement de sécurité même s'il est bien moins employé qu'à l'époque.
Conformément au Code de la Route contemporain, toutes les Tractions sont équipées de deux avertisseurs:
1° Un avertisseur "GRAVE" au son plus étouffé, destiné à l'utilisation en ville.
2° Un avertisseur "AIGU" au son plus puissant et porteur, réservé à l'utilisation en campagne, sur route libre.
(A partir d'octobre 1937, et le montage en série du très pratique "Combiné" S.G.C.E.M. la position de fonctionnement aigüe ou route libre correspond en fait au fonctionnement simultané des deux avertisseurs).
Essayons de voir comment tout cela fonctionne ?
A- La commande:
Sur les tous premiers modèles, c'est une commande par poussoirs placés en moyeu du volant, fragiles et peu fiables, suivie d'un premier modèle de Commodo à double palettes, modèle vieillissant assez mal et très délicat à réparer correctement.
A partir d'octobre 1937, est monté sur toute la gamme l'excellent combiné conservé jusqu'en fin de production et encore utilisé sur de nombreux modèles ultérieurs.
Sur Traction, les initiales sont O V R pour zéro, ville, route.
Les avertisseurs fonctionnent en poussant axialement la commande, au début de sa course pour le son grave, puis encore un peu pour obtenir le son combiné grave/aigu.
C'est naturel et intuitif: une pichenette du majeur et annulaire droits réunis pour juste signaler qu'on arrive en ville, un appui plus ferme et résolu pour préciser sur grande route qu'il ne faut pas traîner devant la puissante Traction quand même !
Si l'on examine la platine démontée du combiné, on voit les lamelles de contact:
La poussée se fait dans le sens de la flèche, et s'exerce tout d'abord sur la lamelle 1 reliée à l'avertisseur Grave qui vient alors en contact en premier avec la lamelle 2, reliée au "+" batterie, provoquant le son "ville" puis si l'on appuie encore, l'ensemble vient alors en contact avec la lamelle 3 reliée à l'avertisseur Aigu, provoquant les deux sons Grave et Aigu combinés "route".
Il peut être opportun de démonter cette platine (en repérant précautionneusement les fils et en ayant préalablement débranché la batterie) pour l'entretenir:
- Nettoyer soigneusement les différents contacts, au besoin avec une lame de papier à poncer grade 400 ou 600. Bien souffler l'ensemble ensuite.
- Comme nous venons de le voir, la lamelle 1 réalise une course importante, et son pliage à 90° n'y résiste pas toujours: On trouve fréquemment ces lamelles fendues ou cassées à l'endroit de leur pli, et il faut ici être très vigilants car il y a un risque de faux-contact sur un équipement de sécurité, et surtout de court-circuit !
On voit ici, sur une platine défectueuse en haut de la photo, une trace d'une ancienne tentative de réparation par soudure à l'étain: ça ne tient pas, l'étain se cassant également par absence d'élasticité.
Ne bricolez pas, changez la lamelle ou la platine par une en parfait état. C'est ici LE défaut majeur de ce combiné, parfaitement fiable et robuste par ailleurs.
Entre le combiné et les deux avertisseurs, vous aurez bien entendu vérifié la qualité de l'isolation des câbles, le bon sertissage des cosses ainsi que l'utilisation de rondelles éventail à chacune des connexions, bien serrées.
B-Les avertisseurs:
Comme nous l'avons vu, ils vont toujours par paire accordée sur tous les modèles de Tractions.
Primitivement placés sur les supports de pares-chocs (sous les phares, dissimulés par une grille sur la somptueuse 22), ils migrent ensuite sous les ailes avant, protégés par des grilles chromées puis peintes, puis finissent début 1937 sur un support placé au dessus du couvercle de boite à vitesses derrière la calandre, et cela jusqu'en fin de production.
Seule la 15 SIX a conservé durant toute sa carrière la disposition extérieure sur les supports de pares-chocs, avec de belles grilles chromées.
Pour mieux ouvrir la route ? Non, tout simplement du fait de la place prise par le radiateur interdisant un montage sur la boite à vitesses.
Mais comment fonctionnent ces mystérieux avertisseurs, pour transformer quelques ampères en son harmonieux et puissant ?
Pour décrire tous les systèmes ayant existé, il y faudrait un ouvrage entier: A dépression, à poire, à compresseur, à moteur, à rochet, à vibrateur, à ronfleur ... C'est sans fin.
Un infime exemple de l'infinité de ce qui a pu se faire
Citroën a sagement monté sur ses Tractions, le meilleur compromis coût/efficacité/simplicité/robustesse, soit des avertisseurs électriques à ronfleur.
Le principe: Une fine membrane métallique M M' est solidaire d'une masse K destinée à accorder le son (grave ou aigu) et de l'autre côté d'une palette placée devant deux bobines B formant électro-aimant.
Les bobines, une fois sous tension, attirent la palette et donc la membrane, mais dans le même temps, un poussoir A solidaire de cet ensemble vient alors appuyer sur une des palettes P d'un contact C qui coupe alors l'alimentation.
La membrane revient de suite en position initiale, provoquant le contact qui se fait à nouveau et la palette est encore une fois attirée, et ainsi de suite...
Ces séquences, très rapprochées, créent une mise en vibration de haute fréquence de la membrane qui produit alors un son puissant, accordé selon la valeur de la masse qui lui est attachée.
C'est un système analogue à celui des sonnettes ou vibreurs de l'époque.
On comprend de suite que les principales avaries de cet avertisseur viendront:
1° De la qualité et de l'état du contacteur interne C , malheureusement ici dépourvu d'un condensateur de protection (Que l'on trouve sur des avertisseurs de luxe, onéreux), et donc soumis à usure plus rapide, mais heureusement on ne "klaxonne" ni trop souvent ni trop longtemps.
2° De la bonne continuité du circuit des deux bobines qui ne doit pas être coupé bien entendu
3° De la qualité des connexions (cosses, fils, bornes), l'intensité de fonctionnement étant assez importante
4° De la qualité de la mise à la masse, généralement par la vis arrière de fixation de l'avertisseur
Schéma de principe d'avertisseur à ronfleur
Autopsions la bête, une fois la grille avant démontée par ses 6 vis en périphérie:
On voit bien les deux bobines B, ainsi que le contact central où vient appuyer le plongeur fixé à la membrane (flèche blanche). Le joint papier en périphérie est capital pour la qualité du son, isolant la membrane du support métallique formé par le corps d'avertisseur.
Voilà la membrane M M' côté face, avec sa masse K de réglage du son. Ne pas y toucher si ce n'est pas nécessaire !
Et côté pile, où l'on distingue bien la palette qui sera attirée par les bobines ainsi que le poussoir A venant actionner le contact. Au remontage, respecter impérativement l'empilement des joints papier et la bonne orientation de la palette, bien entendu.
Détail des grains du contacteur
La seule opération d'entretien à faire sera éventuellement de démonter la platine du contacteur, en repérant scrupuleusement l'empilement des diverses rondelles et éléments, et de nettoyer et surfacer les grains de contact avec une lime fine douce.
Il n'est pas sérieux d'essayer de réparer les bobines si leurs enroulements sont coupés, ce qui est facile à contrôler à l'Ohmmètre, celles-ci étant serties et un avertisseur d'occasion en bon état ne coûtant que quelques dizaines d'euros.
Passons enfin au dos du boitier, ici en attente de décapage et peinture, pour y trouver des indications gravées et une vis V de réglage:
Cette vis de réglage, de taille et type différent suivant les modèles montés au fil du temps, sert à écarter ou rapprocher la platine portant les grains de contact du poussoir placé au milieu de la membrane.
Sur la première photo de l'avertisseur, on voit le montage de l'écrou cage à gauche de la platine, dans lequel vient se visser la vis V de réglage.
Une fois l'avertisseur remonté, après nettoyage, décapage, et une belle peinture noire et les soins d'usage sur le contacteur, il est temps de passer à la petite séquence de réglage qui ravira les voisins:
Faites appuyer par un aide sur la commande de l'avertisseur (mettez un casque anti-bruit !) et réglez la vis, quart de tour par quart de tour, d'abord pour commencer à obtenir un son, puis pour régler ce son afin qu'il soit le plus puissant et clair possible.
Si tout est en ordre et les contacts bien propres, vous obtiendrez un résultat convainquant très vite et vous vous serez incontestablement fait de nouveaux amis dans le quartier !
Dans longtemps, après un usage significatif de l'avertisseur, il faudra peut être y revenir pour compenser l'usure des grains du contacteur.
Comme nous venons de le voir, l'avertisseur est un ensemble très robuste, facile à réparer, mais craignant l'oxydation sur le long terme, du fait de sa situation très exposée.
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