Roulons sous la pluie !
Il est évident que rouler sous la pluie en Traction n'est pas ce que l'on peut faire de plus agréable à son volant.
Toutefois, nul n'est à l'abri de l'impératif d'un déplacement un jour d'averse ou de se faire coincer sous un orage d'été.
Bien entendu, le tout premier réflexe sera évidemment de réduire sa vitesse de 10 à 15 Kms/Heure en fonction de l'intensité de l'averse et la qualité de la route. Le reste sera question de préparation de sa Traction.
Essayons donc d'y voir plus clair, c'est le cas de le dire:
En tout premier lieu, on suppose que le moteur d'essuie-glaces est en parfait état et fiable, la timonerie de commande idem, avec des axes et articulations bien graissées et sans jeu.
Assurez vous également du parfait fonctionnement de la commande manuelle de secours, c'est absolument indispensable pour pallier une panne de fonctionnement du moteur.
En second lieu, on suppose aussi que les bras d'essuie-glaces sont également les bons, de longueur correcte et possédant leurs ressorts d'origine en parfait état, seuls garants d'un bon appui des balais sur la glace du pare-brise: Ni trop fort pour ne pas ralentir exagérément le mouvement, ni trop faibles pour assurer un essuyage efficace sur toute la longueur du balai (210 mm). Mesure au peson à ressort, on lit (le flash illumine malheureusement trop la plage de lecture !) 210 grammes au soulèvement du bras.
En troisième lieu, venons-en au coeur du problème: Les balais (ou raclettes, ou lames) !
Une fois de plus on ne trouve rien d'autre en pièces neuves refabriquées, que des balais non conformes et particulièrement mal réalisés avec un caoutchouc de qualité minable.
Pour bien comprendre, essayons une petite expérience:
De haut en bas, 4 balais.
1° Balai MARCHAL d'origine. Réalisation parfaite, aspect très cohérent avec les TA à malles plates en particulier.
2° Balai adaptable d'époque fin 50 début 60. Sans marque. Très belle réalisation avec un caoutchouc magnifique et très souple
3° Balai SEV "LYMPID" d'époque. Réalisation impeccable. Existe en monture inox (à monter plutôt sur malles bombées) ou émaillée noire (pour malles plates).
4° Balai adaptable actuel. Se trouve au kilo chez tous les revendeurs de pièces Traction, qui proposent tous la même chose.
L'expérience va consister, muni d'un petit pulvérisateur de jardin rempli d'eau, à essayer manuellement les qualités d'essuyage de nos raclettes sur une vitre plane. Avec un peu de chance, vous arriverez même à faire croire à votre épouse que vous vous lancez dans le nettoyage des vitres de la véranda.
1° C'est parfait. La double lame fine essuie très bien sous une faible pression et laisse une vitre impeccable
2° C'est encore mieux qu'en 1° ! La lame est très souple et parfaitement rectiligne. L'essuyage est impeccable et régulier avec un effort minime.
3° Très bon résultat également, mais il semble toutefois que la pression nécessaire à un essuyage impeccable soit légèrement supérieure aux deux précédentes. Bras et ressorts parfaits obligatoires.
4° Catastrophique ! La lame se contente de racler inégalement sans essuyer, même sous forte pression (que n'autorisera jamais le bras d'origine). La qualité pitoyable du caoutchouc, combinée à une réalisation moulée et non extrudée fait que le résultat obtenu est absolument minable: En effet, le moulage laisse un plan de joint irrégulier juste sur la surface de contact de la lame avec le verre, alors qu'il faudrait ici au contraire une réalisation parfaite comme en 1°, 2° et 3°. Rien de bon n'est à attendre d'un tel montage !
En complément de cette expérience manuelle, on s'aperçoit immédiatement que 2°, 3° et 4° conviendront moins bien car leurs supports n'autorisent pas de prise d'inclinaison par rapport à la surface du pare-brise lors du mouvement du balai, contrairement à 1° monté avec le bon support d'origine:
En effet, le fait d'incliner le balai permet un essuyage bien plus performant que si la lame reste parfaitement perpendiculaire à la surface du verre lors de ses mouvements. Dans ce cas, il arrive que 4° racle même bruyamment du fait de son caoutchouc trop dur, rajoutant ainsi à son inefficacité un bruit désagréable. Si vous avez encore les supports de balais d'origine, faites sauter le rivet des adaptables et montez les avec les anciens supports, ce sera mieux.
Un très sympathique (et documenté) Tractionniste a publié ce document remarquable récemment, en le qualifiant de plan de montage pour les Tractions à malle bombée, essuies-glaces en bas du pare-brise:
Nous pensons que ce n'est pas exact pour deux raisons:
1° Ce schéma est lui-même légendé "Citroën 2CV" !
2° La consultation de catalogues d'époque (ici une édition 1955 soit contemporaine des dernières Tractions) ne mentionne qu'un type de balai pour verre plat, le type 1°
Les balais de type 2° et 3° semblent donc, bien qu'adaptables assez efficacement, postérieurs à la production des Tractions.
En conclusion, si vous trouvez les balais types 1°, 2° ou 3° neufs en bourses d'échanges, ce qui est encore assez fréquent, jetez-vous dessus comme la vérole sur le bas-clergé.
Faites des stocks le cas échéant si vous tombez sur un lot, vous dépannerez alors les copains tractionnistes en ayant soin de conserver vos trouvailles bien à l'abri de la lumière et de l'humidité, sous sac plastique scellé.
Pour désembuer, il faudra ne pas oublier de créer une circulation d'air dans l'habitacle en ouvrant une vitre arrière de l'épaisseur d'un doigt et en ouvrant la trappe du chauffage sur les modèles qui en sont munis, ou une vitre avant en oblique de l'arrière. Il va sans dire que le pare-brise ne devra pas être pollué par du film routier et parfaitement dégraissé, en particulier sur sa face intérieure.
Soyons réalistes: Il a plu normalement sur les routes des années 30,40 et 50 où les Tractions s'engageaient sous l'averse pour des étapes parfois fort longues. Même si l'efficacité d'essuies-glaces modernes, au balayage intermittent et multi-vitesses assortis de balais sophistiqués rend le montage d'origine de nos Tractions un peu ridicule, il reste possible d'obtenir avec du soin et le choix de pièces de qualité, un résultat tout à fait convenable et sûr pour une vitesse de croisière raisonnable et responsable sous la pluie.
Expérience personnelle: Traversée de la France en une étape de 801 Kms au compteur journalier d'une 11 Normale, un jour de grosse pluie continue, effectués en très exactement 11 heures dont une heure d'arrêt et ravitaillement. La moyenne est facile à calculer...
Bonne route, prudente !
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